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MORICE René |
Biographie réalisée par Mme Francoise MORICE et son fils Alain MORICE. 20 Janvier 2016
Parmi ceux et celles auxquels la Kinésithérapie doit le plus, il faut à coup sûr placer au tout premier plan René Morice. Il fut l’un des principaux acteurs de l’histoire de la Kinésithérapie et sans doute le premier de ceux auxquels la profession doit son statut et la place qu’elle occupe aujourd’hui. Il convient de lui faire une place d’honneur pour avoir fait changer le regard porté sur le massage et la kinésithérapie par le corps médical, les pouvoirs publics, les patients et certainement par les kinésithérapeutes eux-mêmes. Il faut souligner le rôle majeur qu’il a joué, pendant plus de trente ans comme Président de la Société de Kinésithérapie (SDK) et Rédacteur en Chef de la Revue de Kinésithérapie qu’il avait créées en 1936 pour encourager et faire rayonner les travaux et recherches des kinésithérapeutes les plus éminents, tout autant que pour diffuser les connaissances scientifiques médicales ou fondamentales constituant le socle tous les futurs développements du massage et de la kinésithérapie. Une place d’honneur lui revient également pour ses travaux personnels, scientifiques et techniques qui ont apporté une contribution essentielle dans les nombreux domaines de ses compétences professionnelles. Avec René Morice ont été écrites les plus belles pages de l’histoire de la kinésithérapie, tout particulièrement celles qui relatent les conditions de la métamorphose d’une profession trop mal définie « d’infirmier-masseur », instituée en 1926, en celle de masseur-kinésithérapeute parfaitement définie dans ses attributions et prérogatives grâce à l’obtention de son statut légal, voté au Parlement le 30 avril 1946, et de l’arrêté du 31/12/1947 appliqués depuis 1948. Sans oublier l’obtention du monopole du massage. Les membres de la Société de Kinésithérapie et leur Président pouvaient à juste titre s’enorgueillir du travail accompli. Jusqu’à l’adjonction au titre de leur nouvelle profession du terme kinésithérapie qu’ils avaient défendu tout autant que le massage. Participant aux jurys d’examens, depuis celui de 1946 consacrant la formation des nouveaux diplômés d’État de masso-kinésithérapie, René Morice a toujours porté la plus grande attention à la formation des praticiens. Pendant plus de 20 ans siégeant au Conseil supérieur de la Kinésithérapie au Ministère de la Santé publique, il y a été tout particulièrement actif à la commission chargée de l’élaboration des programmes d’études dont celui du nouveau diplôme d’État dont la première session se déroula en mai 1955. Ce long combat pour la profession qui a vu enfin son premier aboutissement en 1946, René Morice l’a initié en sa qualité de Secrétaire général de l’organisation à Paris du 1er Congrès International de Massage, les 6,7,8 et 9 juillet 1937. Documents rares transmis par M Alain MORICE Dans les débats comme dans sa conférence sur « l’Orientation Professionnelle du Masseur » il rejette le titre d’infirmier spécialisé masseur qui, selon lui ne rend compte ni de la diversité des domaines d’intervention du masseur ni de sa fonction thérapeutique ni des connaissances approfondies qu’il doit posséder pour l’exercer. Son vœu de fin de rapport « supprimer la première année d’infirmerie du masseur, la remplacer par une année de kinésithérapie orthopédique » sera adopté par l’assemblée. Cependant, contrairement à d’autres vœux adoptés lors de cet évènement, le compte-rendu du congrès ne mentionne ni l’enthousiasme ni l’unanimité ! Qu’importe, il saura rallier, convaincre et emporter l’adhésion du plus grand nombre, y compris parmi les opposants à son projet d’une profession reconnue et exclusivement consacrée à la masso-kinésithérapie. C’est encore pour les kinésithérapeutes qu’il fera adopter par le Conseil Supérieur de la Kinésithérapie le Certificat d’aptitude aux fonctions d’aide-dermatologiste créé par décret du 9 avril 1960. Un diplôme d’État attestant une spécialisation, d’une durée de 15 mois dont 3 mois de stages en service hospitalier, dans le domaine des soins dermatologiques, uniquement accessible aux titulaires du diplôme de masseur-kinésithérapeute. Le second volet, scientifique et technique, de l’action de René Morice est capital puisqu’il fonde toutes ses démarches pour faire reconnaître la haute valeur thérapeutique de la kinésithérapie et du massage et la place de ses praticiens dans l’équipe de soins médicaux ou chirurgicaux. C’est pourquoi René Morice crée, en 1936, la Société de Kinésithérapie (SDK), association loi 1901 sans but lucratif, qui prend la relève de l’association des élèves de l’École Française d’Orthopédie et de Massage (EFOM dirigée par le Dr Boris Dolto) dont il est enseignant pour s’ouvrir plus largement à tous les masseurs de France. L’idée centrale est d’amplifier la diffusion des connaissances scientifiques et techniques auprès du plus grand nombre possible de professionnels et susciter leur désir de partager avec leurs confrères et consœurs les fruits de leurs expériences. Pour répandre plus largement encore les idées et les travaux de la SDK, en France et à l’étranger, il crée, la même année, la Revue de Kinésithérapie qui deviendra la tribune incontournable pour toucher également le corps médical et les pouvoirs publics. Sous l’impulsion de son président, René Morice, une équipe soudée de kinésithérapeutes – Jacques Dupuis-Deltor, Emma Brevet, Fernand Buhour, Françoise Morice, Hubert Lallery et bien d’autres – organisera et contribuera à une multitude de manifestations et publications scientifiques. Chaque mois une conférence est organisée, le plus souvent à Paris mais aussi en province, à laquelle au moins un(e) kinésithérapeute et médecin ou chirurgien présente un travail original. Chaque année la SDK organise un symposium ou un congrès scientifique, national ou international, co-organisant de nombreuses autres manifestations en province et à l’étranger, assurant à chaque fois la présentation par ses membres de travaux d’un haut niveau technique et scientifique. Une profusion de communications parmi lesquelles le comité de rédaction de la Revue de Kinésithérapie sélectionnera celles qui seront publiées dans ses pages, s’ajoutant au riche fonds d’articles qui lui sont soumis spécialement pour publication. En peu de temps mais beaucoup de travail et d’efforts collectifs tout aussi remarquables que désintéressés, la Société de Kinésithérapie et la Revue de Kinésithérapie auront fait changer d’ère et de dimension le massage et la kinésithérapie. Parallèlement à toutes ses activités, René Morice est lui-même un praticien internationalement réputé, toujours prêt à partager ses avancées thérapeutiques par ses conférences et ses écrits. Ses interventions comme ses communications dont il serait vain de tenter d’approcher le nombre, ont porté sur de multiples sujets scientifiques et professionnels. On y trouve malgré tout une prédilection marquée pour la thérapie manuelle dont il aura acquis une telle maîtrise qu’elle fera de lui une autorité en la matière. Parmi ses communications à d’innombrables manifestations on pourra citer : Les vibrations et leurs effets biochimiques IVe Congrès de masso-kinésithérapie – Luxembourg 1947
Discours d’ouverture, année d’application légale du statut des masseurs-kinésithérapeutes, comment s’en montrer dignes IIe Congrès scientifique de la Société de Kinésithérapie – Paris 1948 Substance conjonctive et kinésithérapie Ve Congrès national de masso-kinésithérapie – SDK Paris 1952
Thérapie manuelle des cicatrices IIIe Congrès international World Confederation for Physical Therapy – Paris 1959 La thérapie manuelle dans une paralysie faciale congénitale XIIe Congrès international de la Fédération européenne des Kinésithérapeutes – Évian 1966 Une longue liste de conférences qui se poursuit à travers toute l’Europe, Suisse, Belgique, Angleterre… pour y présenter ses travaux et les partager pour la plus grande renommée de la kinésithérapie française. Ses écrits sont encore plus nombreux, sans même compter plus de trente ans d’éditoriaux trimestriels dans la Revue de Kinésithérapie, pour pouvoir en donner plus qu’un simple échantillon : Contribution à l’étude des actions physiologiques du massage Revue de Kinésithérapie 1950 Massothérapie tissulaire Revue de Kinésithérapie N°54 3°trim. 1955 Massage et kinésithérapie en dermatologie Revue Internationale de Kinésithérapie N°3 mai 1956 Dans son livre paru en 1963 aux éditions Bailliére Thérapie Manuelle - Chirothérapie, Le massage en rééducation fonctionnelle http://musee-kine.fr/index.php/bibliotheque/98-massage/1987-le-massage-en-reeducation-foncionnelle René Morice fait en 230 pages la somme des connaissances, des techniques, buts et effets du massage en kinésithérapie. Un précis de thérapie manuelle dans lequel il décrit avec la plus grande précision les techniques de massage les plus connues ainsi que les techniques qu’il a mises au point pour parvenir aux résultats qui ont fait sa réputation. En 1966 le Pr BAUX dirige un numéro spécial consacré aux brûlures et lui confie la rédaction du chapitre intitulé
Thérapie manuelle des cicatrices chez les brûlés.
Ce travail de René Morice prend place parmi 13 articles de médecins et chirurgiens spécialistes des grands brûlés que la Gazette Médicale de France publie dans son tome 74 du 25 novembre 1967. L’Encyclopédie Médico-Chirurgicale publiera en 1968 dans « Traité de Médecine Physique – Kinésithérapie » sous la direction du Professeur L. MOREAU, trois travaux originaux de René Morice :
Thérapie manuelle des cicatrices, Massage dans l’obésité et La thérapie manuelle, méthode de choix dans le traitement de la cellulite Ces publications ont consacré ses recherches et ses résultats, fruits d’un travail passionné et, à travers lui, ont définitivement propulsé la kinésithérapie et la thérapie manuelle à la place que René Morice voulait leur faire atteindre au sein de l’arsenal thérapeutique de la médecine moderne. De son côté, le Ministère de la Santé Publique lui avait, à deux reprises, manifesté la reconnaissance de son action déterminante pour la kinésithérapie. Une première fois, en 1939, en le faisant Chevalier de la Santé Publique, une seconde fois en 1951 en lui conférant le grade de Chevalier de la Légion d’Honneur. A son décès, brutal à l’âge de 64 ans, de nombreux hommages de toute la profession et du monde médical ont salué le profond engagement de René Morice, ses travaux personnels, sa réussite dans sa tâche historique de promotion de la kinésithérapie et, tout autant, ses qualités humaines.
René Morice (9 juin 1904 – 19 février 1968)
Infirmier Masseur et Pédicure diplômé d’Etat Masseur Kinésithérapeute et Aide Dermatologiste diplômé d’Etat Chevalier de la Santé Publique et Chevalier de la Légion d’Honneur Membre du Conseil Supérieur de la Kinésithérapie (1950-1968) Conseiller de l’enseignement technique au Ministère de l’Education nationale Président fondateur de la Société de Kinésithérapie Rédacteur en chef de la Revue de Kinésithérapie
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